Coupe du monde : cacophonie publicitaire autour du ballon rond
C’est parti! La folie footballesque mondiale nous envahit de partout. Et au ballet des joueurs; aux pointes des équipes, à celles des pays participants et des supporters, viennent s’ajouter avec moins de grâce, les entrechats discordants des commanditaires.
Mais oui; ils sont tous là : les banquiers, les brasseurs, les vendeurs de chaussures, de crème glacée et de lames à raser; ils sont là, prêts à payer jusqu’à 50 millions de dollars pour une place de choix au grand cirque du football. Cela dit, de telles sommes – gérées à partir de programmes de communication efficaces – sont loin d’être du gaspillage. L’audience potentielle est constituée de millions de téléspectateurs dans 189 pays qui suivront l’évènement pendant un mois entier. Une cible idéale pour ces commanditaires et, dans la plupart des cas, un investissement judicieux. Le problème est que beaucoup de ces commanditaires ont opté pour les mêmes stratégies pour s’associer au Mondial…Exemples :
Ronaldinho, la star Brésilienne incontestée, apparaît dans des publicités pour huit marques différentes. Il est la vedette de publicités pour Pepsi (qui n’est pas un commanditaire de la coupe du monde – cette place étant occupée par Coke). Il apparaît aussi dans des pubs de Nike (cette marque non plus ne figure pas sur la liste des commanditaires, puisque c’est Adidas qui s’est accaparée l’unique place dans cette catégorie). Et Ronaldinho est aussi la vedette de plusieurs films publicitaires pour des marques brésiliennes, telle la crème glacée Kibon. Imaginez donc un peu la perplexité du téléspectateur brésilien qui risque de voir au cours d’un même match son joueur-vedette vanter huit produits différents en deux heures!..
Des stars du football tels que Ronaldinho, David Beckham et Thierry Henry – avec d’autres joueurs de la même stature – apparaissent dans plusieurs publicités pour Pepsi. Entretemps, et dans une autre catégorie de produits, Henry et Ronaldinho sont les porte-paroles de Nike, alors qu’Adidas – la marque concurrente – s'est associée à Beckham.
Bon. Pour Pepsi, ils ont fait équipe, mais pour Adidas et Nike, ils sont adversaires!
Il est normal que les marques qui désiraient s’associer à la coupe de monde aient opté pour la stratégie évidente : celle d'engager les joueurs les plus populaires et de les utiliser comme porte-paroles pour vanter leur marque. La seule chose à laquelle ils ne semblent pas avoir pensé, c’est qu’ils ont tous fini par avoir des structures de communication semblables, créant ainsi la plus grande confusion. Et comme si tout cela n’était pas déjà assez chaotique, il y en a deux qui se sont arrangés pour avoir le même message : Coke termine un de ses spots créé par l’agence Wieden & Kennedy d’Amsterdam par : « we all speak footbal »; alors que Emirates Airlines – un autre commanditaire de la coupe du monde – signe ses annonces : « we all speak one language : Football».
Ils parlent tous la même langue et utilisent les même porte-paroles; alors fatalement le consommateur y perd son latin.
Et les millions investis, finissent par constituer un immense papier peint: ça fait joli, mais personne ne se souviendra des motifs!