Cinquante cinq jours plus tard...
Cinquante cinq jours plus tard, je sors de mon silence bloguesque et retrouve un minimum d’inspiration, mais surtout la volonté de reprendre le fil de l’histoire.
Les dernières semaines n’ont pas été avares en événements, bien au contraire. Mais ceux du Liban en particulier m’ont fichu un cafard sans pareil et ont occupé toute mon énergie. Une chose est certaine, je n’arrêterai jamais aussi longtemps ma rédaction, ou alors j’arrêterai ce blog tout court. Il est très difficile de retourner sur scène après un aussi long entre-acte.
Page Sportive
Bon – je reprends donc depuis le dernier article au sujet des commandites du Mondial (je sais que le terme « sponsorship » est plus facile à comprendre, mais « commandites » est tout aussi précis in french). Comme il fallait s’y attendre, plusieurs sponsors (!) de l’événement se sont rendu compte qu’ils se pastichaient l’un l’autre involontairement. Ils n’ont donc rien trouvé de mieux que de blâmer leurs agences de communication respectives pour leur manque de créativité, alors que ces dernières reprochaient aux clients de les avoir trainé de force sur un terrain déjà fort occupé.
S’il est vrai que les agences sont entièrement responsables de leur produit créatif, il n’en demeure pas moins que leur besogne est particulièrement difficile quand leurs clients demandent tous la même chose : le foot comme toile de fond, les joueurs-vedettes comme porte-paroles, une certaine interaction avec le produit et des situations cocasses ou la marque triomphe. Il va falloir se creuser les méninges lors du prochain mondial pour trouver mieux que des hommes d’affaires en complet veston qui frappent maladroitement un ballon lors d’un match improvisé, des garçons du tiers-monde qui rêvent de devenir les prochains Ronaldinho ou des superproductions qui n’ont rien à dire sauf d’essayer de nous impressionner par la panoplie grandissante d’effets spéciaux. Dans ce dernier registre, seul Nike réussit à tirer son épingle du jeu parce que chaque production signée par cette marque est centrée sur une vraie grande idée.
Quant à la finale du Mondial – parce qu’il faut bien que je parle de ce désastre – elle m’a laissé comme beaucoup d’autres, un gout amer. Et ce n’est pas seulement à cause du coup de tête de Zizou et encore moins parce que j’étais déçu que la France ait perdu, mais c’est en raison d’un match médiocre où la bassesse de plusieurs joueurs a complètement estompé le talent de Riberi, d’Henri…et de Zidane. Quel gâchis! On a eu droit à la provocation de Matarazzi, à la délation du gardien de but italien et à la suprême bêtise du referee qui aurait pu se contenter de pénaliser Zidane d’un carton jaune vu les circonstances de l’incident.De toute manière, l’Italie ne méritait même pas de se retrouver en finale et encore moins de remporter la coupe. Les joueurs de cette équipe sont passés maitres dans l’art de se rouler par terre et de crier de douleur à chaque fois qu’ils glissaient en essayant de doubler un joueur adverse; ils n’ont aucune classe. Comme le disait Yannick Noah, ce n’est certainement pas en Afrique que nous voyons des joueurs hurler comme des malades à chaque fois qu’ils chutent. Un peu de retenue, voyons!
Et pour continuer dans ma diatribe sportive, quoi dire au sujet de la mode du dopage qui a complètement terni le dernier Tour de France cycliste? Si le taux de testostérone de Landis est naturellement élevé, tant mieux. Mais à le voir grimper en mode turbo lors de la 17ème épreuve du tour, nombreux sont ceux qui se sont demandés à quoi carbure le monsieur. De toute manière, la triche sportive semble toucher de plus en plus de disciplines. Shumi qui a expressément embouti le muret au virage de la « Rascasse » à l’épreuve de Formule 1 à Monaco a ainsi empêché ses adversaires de signer un meilleur temps de qualification. La sprinteuse Marion Jones, Justin Gatin champion olympique du 100 mètres et Tim Montgomery recordman du monde, tous entrainés par le sinistre Trevor Graham, ont été suspendus pour dopage. Et comme si cela n’était pas suffisant, la triche atteint maintenant les sports cérébraux…Lors du dernier championnat d’échecs à Philadelphie, le joueur Steve Rosenberg a été chassé du tournoi car il se faisait aider par un ordinateur relié à distance à une prothèse auditive qu’il portait sans scrupules!
Le LibanImpossible de taire ma peine et ma frustration face à la tournure dramatique prise par les événements au pays du Cèdre. De plus, comment expliquer à mes amis les enjeux régionaux, les différentes factions politiques locales et étrangères impliquées dans ce conflit et l’impuissance de l’état Libanais face à l’amplitude du désastre. Les Libanais eux-mêmes sont incapables de démêler les composantes de la tragédie et ne comprennent toujours pas aujourd’hui le but des belligérants. Que de vies humaines sacrifiées et quel gâchis économique. Les imbéciles qui font la promotion de la violence semblent oublier que toutes les guerres dans cette région n’ont jamais rien réglé et que depuis bientôt 60 ans, nous ne faisons que passer d’un drame à l’autre sans résultats. Pour moi, tout ce que je souhaite c’est que ça s’arrête; en premier au Liban qui a contribué bien plus que sa quote-part de drames et puis certainement, partout ailleurs. Mes compatriotes aspirent à la quiétude, à jouir de la vie et à bâtir un avenir stable pour eux et pour les générations futures. C’est simple, non? Alors qu’on leur fiche la paix!
Céline
…pas la diva québécoise, mais l’autre; Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline, le génial auteur du « Voyage au bout de la nuit ». Quel plaisir de
redécouvrir l’écrivain et son œuvre grâce au non moins génial Fabrice Lucchini qui, deux heures durant, a lu à « La Place des Arts » des extraits du « voyage », commentant le texte et dialoguant de manière impromptue avec un public des plus enthousiastes. Un vrai moment de bonheur qui m’a encouragé à reprendre le fameux « Voyage » mais aussi « Mort à crédit » qui fut publié quatre ans plus tard mais qui en fait précède chronologiquement les événements relatés dans le livre-phare de Céline.
Seul problème, j’ai toujours été particulièrement jaloux du talent de ce raconteur-né au style coulant. Alors la lecture aussi plaisante soit-elle est souvent accompagnée de sautes d’humeur infantiles ponctuées par le même leitmotiv : pourquoi lui et pas moi? Mais fatalement, la beauté du texte et le plaisir de la lecture prennent le dessus et la frustration s’estompe.
Littérature
Il faut être vraiment culotté pour faire suivre la rubrique précédente par celle-ci...
Le 19 Juillet dernier, j’ai eu l’occasion de lire un de mes textes en public. Même si je suis loin de prétendre avoir un talent d’écrivain, cette expérience m’a encouragé à persévérer dans l’écriture. L’incorrigible scribouilleur-raconteur que je suis persiste et signe! C’était donc lors d’un diner d’écrivains amateurs anglophones à Sutton, non loin de ma maison de campagne que l’un après l’autre, les prétendants auteurs et poètes se levaient et débitaient d’une voix chevrotante leurs écrits chéris. Moment poignant où l’on va finalement savoir ce que valent ces interminables déchirements littéraires, ces histoires que l’on considère singulières, ce style que l’on pense décapant et ce talent syntaxique que l’ont croit sans défaut. Et clac! L’intensité des applaudissements tel un couperet met fin à l’espoir ou l’alimente un tant soit peu. Si en plus, quelques illuminés viennent vous dire suite à votre lecture qu’ils ont aimé votre texte et que vous devriez persévérer, alors là c’est le Nirvana! Conclusion : je continue.
« Deceived Memories », le texte lu à Sutton, sera publié sur mon blog d’ici quelques jours.
L’Immeuble YacoubianJ’avais eu le plaisir de lire il y a plus d’un an le livre de l’auteur égyptien Alaa Aswany dans sa version originale. Le succès remporté par le roman dans son pays d’origine fut suivi par la publication en anglais et plus récemment en français (Éditions Actes Sud) de cette fresque décrivant sans détour l’évolution de la société égyptienne au cours des cinquante dernières années. Des personnages issus de tous les milieux et qui ont pour point de départ une même adresse, l’immeuble Yacoubian, s’y côtoient, s’y confrontent ou tout simplement s’y tolèrent dans une Égypte en pleine déchéance sociale. Le bel édifice construit dans les années trente au centre du Caire et qui, comme tant d’autres, a subi son lot de dégradation au fil des ans, tout comme les personnages du roman d'ailleurs, sert de toile de fond à la grande œuvre littéraire de Aswany dont le style n’est pas sans rappeler celui de son grand compatriote Naguib Mahfouz.
À lire absolument.
Et succès oblige, après le livre, le film. Celui-ci, présenté dans le cadre du Festival des Films du Monde à Montréal a également remporté un grand succès et mérite certainement d’être vu. Une recommandation cependant : lisez le livre avant d’aller au cinéma. Le drame et la complexité des personnages et des événements relatés m’ont semblé bien plus forts dans la version écrite de l’œuvre.
Une chose certaine, ce film se démarque et mérite absolument le détour en cette période de grands navets cinématographiques. Le pire de tous ces jours-ci est la très mauvaise reprise de la série-culte des années 80 « Miami Vice ». Le film qui n’a en commun avec la fameuse série que le nom et le lieu de l’action, mériterait d’être classé « Série B ».
Et ce n’est certainement pas le jeu de Colin Farrell qui risque d’arranger les choses!