Un modèle pour le Québec? Surtout pas!
Début Octobre 2011, suite à l'envoi d'un article au quotidien "La Presse", je reçus le message suivant:
Bonjour monsieur,
Nous avons retenu votre texte pour publication. Cependant, nous aurions besoin dès que possible, s.v.p., de votre photo couleur, de type passeport, en format JPG. De plus, il nous serait nécessaire de connaître votre occupation professionnelle.
Merci de votre collaboration et nous vous souhaitons une excellente journée.
XXXXXXXX, adjointe à l'éditorialiste en chef
Suite à l'envoi de la photo et de l'information demandée, mon article (que vous pourrez lire plus bas) ne fut jamais publié.
Allez savoir pourquoi...
(Je doute que ce soit à cause de la photo)
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Réaction à l’article de Monsieur Richard Marceau
La Presse du 1er Octobre
(Section FORUM)
Un modèle pour le Québec? Surtout pas!
Je suis surpris par les propos que tient Monsieur Richard Marceau dans son article paru dans la section « Forum » de La Presse du Samedi 1er Octobre.
D’une part, cet incroyable amalgame d’idées, de distorsion de faits et d’idéalisation du sionisme au point de vouloir en faire un modèle pour le Québec m’étonnent. Et à mon étonnement s’ajoutent la frustration et la déception de réaliser le manque total de compassion à l’égard du peuple Palestinien et des souffrances
qu’il a subites depuis plus de soixante ans. Si les propos de Monsieur Marceau font un vif éloge d’Israël (tout en traitant tous ses voisins d’ «autoritaires»), pas un mot, aucune allusion à «l’autre» - c’est comme si les Palestiniens n’existaient pas. L’ambition, l’espoir, le droit des Palestiniens de vivre eux aussi, «en paix chez eux», sont entièrement passés sous silence!
Avant que Monsieur Marceau me taxe d’antisémite, je tiens à lui faire savoir que j’ai usé mes fonds de culottes sur les mêmes bancs d’école que des Hazan, Mosseri, Lévi, Zaccai et Cohen. Ceux-ci, bien plus que mes camarades de jeu, étaient devenus mes plus proches compagnons. Et ce n’est que la naissance de l’état d’Israël qui nous a séparés. Aujourd’hui, d’autres portant les mêmes patronymes les ont remplacés au rang de mes meilleurs amis. Ceci ne m’empêche pas de rappeler les faits : si j’accepte l’existence d’Israël, j’insiste à rappeler que les Palestiniens et autres Arabes ne sont absolument pas responsables de «l'adversité à laquelle le peuple Juif a fait face». Et je ne peux que m’étonner que ce peuple qui a tant souffert soit à son tour insensible aux malheurs que son implantation et son expansionnisme causent à ceux qui vivaient déjà sur ces terres avant la naissance de l’état d’Israël. Il serait peut-être utile de rappeler qu’à la fin du 19ème siècle, les Juifs de Palestine ne représentaient que 5% de la population, passant à 10% en 1914 et progressant suite aux vagues de migration successives. Il est donc normal que plusieurs personnes, comme le mentionne Monsieur Marceau lui-même, soutiennent l’idée que « les Juifs aient volé leur terre et leur pays aux Palestiniens ».
Il est évident que si aujourd’hui, Israël changeait de politique et arrêtait – par exemple – l’expansion de ses colonies, peut-être que les Québécois et bien d’autres, changeraient leur opinion à l’égard d’Israël. Si cet état était plus juste dans ses rapports avec les Palestiniens; s’il leur offrait autre chose en guise de pays qu’un gruyère, où pour passer d’une parcelle à une autre il faille subir les pires humiliations, peut-être qu’on trouverait plus crédible le
portrait idéal dépeint par Monsieur Marceau.
À la rigueur, on aurait avalé la pilule propagandiste si Monsieur Marceau ne nous offrait pas Israël comme modèle parce que « eux aussi défendent leur langue ». Franchement, je ne vois pas le rapport.
Et les Québécois dans tout ça? L’auteur juge qu’ils « ont le réflexe de s’identifier aux Palestiniens plutôt qu’aux Israéliens ». Il ajoute :
« Ces Québécois se voient-ils comme des victimes, comme un peuple faible? »
Non, Monsieur Marceau – ils se voient comme un peuple juste parce que précisément, eux aussi ont fait face à l’adversité. Et comme ils ne pratiquent pas la langue de bois, ils sont sortis
des rangs et font partie des rares qui disent haut et fort ce que d’autres peuples taisent.
La cause Israélienne jouit d’un soutien international remarquable auprès des instances les plus importantes. Face à celles-ci, rares sont les peuples influents capables de promouvoir une solution juste permettant aux deux peuples Palestiniens et Israéliens de cohabiter en paix et de panser finalement une plaie depuis trop longtemps ouverte.
Alors, si le Québec souscrit à une telle approche, comment peut-on le blâmer?
Monsieur Marceau, ne devrions-nous pas l’applaudir plutôt?
Selim-Bernard SAMMAN
Montréal
(Section FORUM)
Un modèle pour le Québec? Surtout pas!
Je suis surpris par les propos que tient Monsieur Richard Marceau dans son article paru dans la section « Forum » de La Presse du Samedi 1er Octobre.
D’une part, cet incroyable amalgame d’idées, de distorsion de faits et d’idéalisation du sionisme au point de vouloir en faire un modèle pour le Québec m’étonnent. Et à mon étonnement s’ajoutent la frustration et la déception de réaliser le manque total de compassion à l’égard du peuple Palestinien et des souffrances
qu’il a subites depuis plus de soixante ans. Si les propos de Monsieur Marceau font un vif éloge d’Israël (tout en traitant tous ses voisins d’ «autoritaires»), pas un mot, aucune allusion à «l’autre» - c’est comme si les Palestiniens n’existaient pas. L’ambition, l’espoir, le droit des Palestiniens de vivre eux aussi, «en paix chez eux», sont entièrement passés sous silence!
Avant que Monsieur Marceau me taxe d’antisémite, je tiens à lui faire savoir que j’ai usé mes fonds de culottes sur les mêmes bancs d’école que des Hazan, Mosseri, Lévi, Zaccai et Cohen. Ceux-ci, bien plus que mes camarades de jeu, étaient devenus mes plus proches compagnons. Et ce n’est que la naissance de l’état d’Israël qui nous a séparés. Aujourd’hui, d’autres portant les mêmes patronymes les ont remplacés au rang de mes meilleurs amis. Ceci ne m’empêche pas de rappeler les faits : si j’accepte l’existence d’Israël, j’insiste à rappeler que les Palestiniens et autres Arabes ne sont absolument pas responsables de «l'adversité à laquelle le peuple Juif a fait face». Et je ne peux que m’étonner que ce peuple qui a tant souffert soit à son tour insensible aux malheurs que son implantation et son expansionnisme causent à ceux qui vivaient déjà sur ces terres avant la naissance de l’état d’Israël. Il serait peut-être utile de rappeler qu’à la fin du 19ème siècle, les Juifs de Palestine ne représentaient que 5% de la population, passant à 10% en 1914 et progressant suite aux vagues de migration successives. Il est donc normal que plusieurs personnes, comme le mentionne Monsieur Marceau lui-même, soutiennent l’idée que « les Juifs aient volé leur terre et leur pays aux Palestiniens ».
Il est évident que si aujourd’hui, Israël changeait de politique et arrêtait – par exemple – l’expansion de ses colonies, peut-être que les Québécois et bien d’autres, changeraient leur opinion à l’égard d’Israël. Si cet état était plus juste dans ses rapports avec les Palestiniens; s’il leur offrait autre chose en guise de pays qu’un gruyère, où pour passer d’une parcelle à une autre il faille subir les pires humiliations, peut-être qu’on trouverait plus crédible le
portrait idéal dépeint par Monsieur Marceau.
À la rigueur, on aurait avalé la pilule propagandiste si Monsieur Marceau ne nous offrait pas Israël comme modèle parce que « eux aussi défendent leur langue ». Franchement, je ne vois pas le rapport.
Et les Québécois dans tout ça? L’auteur juge qu’ils « ont le réflexe de s’identifier aux Palestiniens plutôt qu’aux Israéliens ». Il ajoute :
« Ces Québécois se voient-ils comme des victimes, comme un peuple faible? »
Non, Monsieur Marceau – ils se voient comme un peuple juste parce que précisément, eux aussi ont fait face à l’adversité. Et comme ils ne pratiquent pas la langue de bois, ils sont sortis
des rangs et font partie des rares qui disent haut et fort ce que d’autres peuples taisent.
La cause Israélienne jouit d’un soutien international remarquable auprès des instances les plus importantes. Face à celles-ci, rares sont les peuples influents capables de promouvoir une solution juste permettant aux deux peuples Palestiniens et Israéliens de cohabiter en paix et de panser finalement une plaie depuis trop longtemps ouverte.
Alors, si le Québec souscrit à une telle approche, comment peut-on le blâmer?
Monsieur Marceau, ne devrions-nous pas l’applaudir plutôt?
Selim-Bernard SAMMAN
Montréal
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